« Présences d’un été » de YAMADA Taichi

« Présences d’un été » de YAMADA Taichi

HARADA vient de quitter sa femme et son fils, la vie avec eux ne lui semblait plus possible et il vit dorénavant seul dans un immense immeuble qui lui sert également de bureau. Il pense y vivre seul jusqu’au jour où il découvre qu’une certaine Kei habite aussi l’immeuble, mais à un étage différent.

Sa nouvelle condition d’esseulement l’amène à faire un voyage intérieur duquel il ne sortira pas intact. Pour une raison obscure, HARADA décide de se rendre à Asakusa, un quartier populaire de Tokyo où il est né et a grandi. Les souvenirs reviennent petit à petit alors qu’il déambule dans les rues d’Asakusa. Les théâtres, les cinémas, les boutiques, tout est là pour le replonger dans son passé. À un moment donné, il rencontre un homme aux jambes arquées qui lui proposent de le suivre. En temps normal, il aurait poliment refusé, mais l’homme lui fait tellement penser à son père décédé, qu’il accepte l’invitation et décide de l’accompagner jusqu’à sa demeure. Arrivé au domicile de l’inconnu, HARADA tombe des nues, la femme de l’homme qu’il vient de rencontrer par hasard n’est autre que sa propre mère, également morte dans un accident plusieurs années auparavant.

De retour chez lui, il raconte tout à sa voisine qui, étrangement, ne le prend pas pour un fou, mais lui explique que c’est une chance unique qu’il a et le convainc de retourner chez ses « parents » afin de comprendre pourquoi un tel événement lui est arrivé. Commenceront alors des allers-retours entre la maison de ses parents décédés et son immeuble, allers-retours qui commenceront à inquiéter son entourage tant son aspect physique et mental commence à se désagréger.

YAMADA Taichi nous propose dans ce roman assez peu connu, une histoire très originale qui nous fait passer irrémédiablement d’un monde irréel vers une réalité qui ne cesse de s’émietter. Plus ses rencontres avec ces fantômes du passé se structurent, plus sa vie actuelle semble devenir incompréhensible. HARADA se retrouve donc dans un monde à la fois réel et irréel sans pouvoir ne s’accrocher à aucun d’eux.

Afin de rendre ce récit crédible et donc captivant, YAMADA s’applique à décrire le plus consciencieusement possible ce quartier de Tokyo avec ses ambiances, ses habitudes, ses rituels. Le lecteur déambule dans ce récit comme HARADA dans sa vie : peu importe que ses parents soient des fantômes ou simplement des chimères, le principal intérêt du récit est la relation qu’ont les parents envers leurs enfants. Grâce à l’artifice temporel qu’a pu créer YAMADA (le fils est dans le récit plus âgé que ses parents morts), les conversations qu’ils ont entre eux prennent une dimension nouvelle et le lecteur découvre une approche tout à fait singulière du sujet.

« Présences d’un été » est une très belle surprise. Ce roman est d’une beauté d’écriture exemplaire dans lequel se mêlent le surréalisme, le fantastique et le réalisme des sentiments. Les discussions entre cette petite famille retrouvée sont à la fois cocasses, naïves, mais surtout d’une tendresse absolue. Les écrivains du genre fantastique nous emmènent la plupart du temps vers un monde obscur et néfaste, mais YAMADA préfère nous faire vivre une expérience poétique de réconciliation entre un enfant et ses parents disparus trop tôt. De quoi réconcilier certains lecteurs avec ce genre littéraire malheureusement trop souvent bafoué. Disons que le terme surréaliste conviendrait sans doute mieux à ce récit d’une qualité littéraire indiscutable.

Présences d’un été sur Amazon.fr

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.