Kafka Tamura, quinze ans, décide de quitter Tokyo et son père qui ne s’occupe guère de lui pour se rendre seul à Shikoku au sud du Japon. Là, il trouvera un petit boulot dans une bibliothèque privée où il rencontrera Oshima (étrange personnage s’il en est) avec qui il suivra tout un voyage initiatique tout à fait honorable pour un adolescent. Autre personnage encore plus attachant, Nakata est quant à lui un vieillard au QI approchant le zéro mais qui a deux dons extraordinaires : celui d’être d’une gentillesse sans faille et de pouvoir discuter avec les chats. Ces deux personnages vont vivre leurs propres expériences aux mêmes moments à des endroits éloignés l’un de l’autre mais pas si différents. Lorsque Nakata devra quitter Tokyo sans tarder, les deux destins vont s’aimanter d’une façon assez étrange.
MURAKAMI Haruki est, faut-il le rappeler, un des plus grands écrivains japonais toutes époques confondues. Pour ceux qui ont déjà lu « Chronique de l’oiseau à ressort », soyez heureux, vous ne serez pas déçu et même plus, peut-être vous direz-vous que, contre toute attente, il est possible d’écrire un livre tout aussi excellent si pas meilleur que le chef-d’œuvre susmentionné. On peut se rappeler qu’avec un écrivain comme MURAKAMI Haruki , s’il a décidé d’envoyer un de ses personnages au fond d’un puits et de l’y laisser durant une septantaine de pages, le lecteur n’a d’autre choix que de l’y accompagner et de ne plus pouvoir en sortir. Dans « Kafka sur le rivage », nous retrouvons Kafka Tamura isolé durant trois jours dans une forêt entourée de montagnes et de lacs dans la campagne de Shikoku et il n’est presque plus indispensable pour un européen de se rendre au Japon pour pouvoir comprendre ce que la nature nippone a de si spirituel tant la nuit que le jour grâce à une plume si délicate et précise (sans être pompeuse) d’un écrivain qui ne désire qu’une chose, c’est de toucher l’essentiel ; c’est à dire l’âme. Autre fait marquant de cet ouvrage, c’est la façon inédite de l’auteur de faire côtoyer des faits tout à fait réalistes avec des évènements qui pourraient hors contexte paraître complètement ridicules. MURAKAMI Haruki ne manque pas d’humour, bien au contraire, mais il ne tombe jamais dans le piège de la moquerie ou du voyeurisme. Les personnages comiques sont toujours plus attendrissants que ridicules.
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