Sebastiano en a plus qu’assez des infidélités de sa femme Estella, il fait tout pour elle et pour que leur relation s’améliore. Mais rien n’y fait, Estella semble trop liée à l’infidélité. Mais un jour, une dispute de trop, et c’est le drame, Estella meurt et Sebastiano s’enfuit. Il ne fuit pas vraiment la justice gouvernementale, mais plutôt celle de son beau-père qu’il craint plus que tout.
C’est lors de cette fuite dans les montagnes d’Amérique du Sud qu’il rencontre un peuple étrange, les « Desertores », que tout le monde connaît, mais que chacun préfère oublier tant leurs coutumes semblent étranges.
Sebastiano revient quelque temps après afin d’affronter la justice du peuple et celle de sa propre conscience. Mais ce qu’il a connu chez les « Desertores », il s’en servira ; et son expérience donnera un tout autre sens à la justice humaine.
Dans « Les origines de n’kunre », IKEZAWA reste fidèle à lui-même. La plupart de ses récits sont à la fois naturalistes et cosmologiques. Il aime mettre en scène des êtres humains qui se retrouvent, sans trop le vouloir, dans une nature à la fois magnifique et incompréhensible. C’est durant ces moments hors temps et hors normes sociales, qu’ils découvrent une force surnaturelle qui les rend différents du commun des mortels. Mais dans cette nouvelle, la naïveté du propos et son utopie enfantine déçoivent quelque peu, surtout en la comparant à son chef-d’œuvre « La vie immobile ».
2. Mieux encore que les fleurs
Saîto est un jeune homme qui, après avoir terminé ses études à Tokyo, retourne vivre à Okinawa où il trouve un petit emploi dans un hôpital régional. Horticulteur de formation, son travail est celui d’un subalterne et il n’espère aucunement améliorer sa situation professionnelle. Un jour, une des médecins généralistes de l’hôpital, Tokuko, lui propose de se donner rendez-vous après sa journée de travail. Sans trop réfléchir, il accepte, termine sa journée l’esprit légèrement préoccupé et se rend au rendez-vous le moment venu.
Lorsque Tokuko arrive, elle lui demande sans aucun ménagement s’il accepterait de la suivre chez elle, ce qu’il fait plus par curiosité que par envie. Commence alors entre eux une relation charnelle tout aussi envoûtante qu’inexpliquée qui les conduira tous les deux vers des lieux interdits, inexplorés et potentiellement dangereux.
« Mieux encore que les fleurs » est une nouvelle envoûtante. IKEZAWA nous entraîne dans une histoire d’amour que l’on sait dangereuse, mais qui nous passionne dès le début grâce au procédé qu’IKEZAWA utilise, à savoir la confession. Ce livre commence en effet par la rencontre entre Saîto et une ancienne amie qui se racontent ce qui leur est arrivé durant les 15 années pendant lesquelles ils ne se sont pas vus. Saîto confesse que rien de bien intéressant ne lui est arrivé durant ces longues années si ce n’est sa rencontre avec Tokiko, cette médecin généraliste.
« Mieux encore que les fleurs » est une nouvelle qui aurait pu faire partie des « Récits fantastiques » que Théophile Gautier écrivait au beau milieu du 19e siècle. C’est un récit romantico-fantastique dans lequel les fantômes du passé, la chiromancie, les amours impossibles se donnent rendez-vous pour le plus grand bonheur de tous les amateurs de littérature du 19e siècle.
3. La femme qui dort
Comme tous les jours, l’héroïne de cette troisième nouvelle d’IKEZAWA, commence à faire le ménage dans son appartement. Sa vie est ainsi réglée, après le départ de son mari, elle s’occupe de son foyer en attendant le retour de celui-ci. Mais tout à coup, une étrange envie de s’endormir la prend. Elle tente de résister, mais l’envie étant trop forte, elle s’installe sur son lit et ne tarde pas à sombrer dans un sommeil profond.
Elle se retrouve dès lors dans un monde étrange, mais rassurant, peuplé de femmes en vêtements de cérémonie qui lui demandent de les accompagner tout en chantant d’étranges incantations dans un langage qu’elle n’a jamais entendu. Peu lui importe, elle sent que cette cérémonie lui est offerte et elle n’hésite pas à rentrer dans cette étrange danse mystique.
Ce rêve n’est en fait rien d’autre que le rituel Izaihô pratiqué sur l’île Kudakajima. L’Izaihô est un rituel réservé aux femmes qui ont atteint l’âge de trente ans et qui leur confère ainsi le titre de déesse.
Dans « La femme qui dort », IKEZAWA nous décrit une femme qui, grâce aux rêves et à ses possibilités, sort de son monde banal et répétitif pour accéder à un univers peuplé de femmes instruites duquel l’homme est absent et qui lui permet de se transcender jusqu’à obtenir le statut de déesse.
IKEZAWA Natsuki profite de cette nouvelle pour nous faire connaître une partie de la mythologie et de la magie japonaises au travers de cet étrange rituel Izaihô. L’élévation de l’âme humaine par des pratiques et croyances ancestrales reste le thème de prédilection d’IKEZAWA, et tous les moyens sont bons pour y arriver : le voyage, le rêve, la fuite… Malheureusement, le lecteur occidental se sent un peu perdu dans ce folklore japonais et aurait sans doute préféré un peu plus de détails sur cette cérémonie étrange. Par contre, IKEZAWA a le don de nous faire voyager où il veut. Que ce soit parmi des ruines en Grèce, dans une forêt au Mexique ou dans un monde rêvé, IKEZAWA aime nous emmener dans des univers naturels afin de nous y faire rencontrer le surnaturel. Et tout comme pour son héroïne, quitter le plancher des vaches, même pour quelques instants peut s’avérer salvateur et enrichissant.
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