« L’âge des méchancetés » de NIWA Fumio

Umejo, 86 ans, est malheureusement devenue un réel problème pour sa petite fille Sachiko. En effet, Itami son mari ne supporte plus les manies de cette vieille dame acariâtre qui passe ce qui lui reste de temps à vivre à persécuter par ses dires et faits l’ensemble de la famille.

La seule solution que Sachiko ait trouvée est de l’envoyer chez sa sœur qui habite un petit village éloigné de Tokyo, et même si toute la famille doit déjà s’entasser dans une minuscule maison de seulement deux pièces, Sachiko ordonnera à sa fille de prendre son arrière grand-mère sur le dos et de l’emmener le plus loin possible de chez elle.

Dans cette nouvelle à l’humour cruelle, NIWA Fumio met le doigt, avec quelques décennies d’avance, sur un des plus grands problèmes de la société japonaise contemporaine : le vieillissement de sa population et l’éclatement de sa structure familiale. En effet, il a toujours été considéré pour acquis que la famille (enfants, parents, petits-enfants) devaient s’occuper, loger et entretenir les anciens jusqu’à leur mort. Or la jeunesse japonaise n’est plus vraiment prête à se « sacrifier » et surtout à sacrifier leur carrière professionnelle pour s’occuper de leur famille vieillissante. NIWA ne parle pas dans ce livre de l’éclatement familial à proprement parler, mais on peut voir qu’il pressent un problème à venir même si il n’arrive pas à bien le cerner.
Il nous décrit ici un problème qui vient d’une catégorie de personnes (en l’occurrence d’une personne âgée qui a perdu ses facultés mentales) mais il a sans aucun doute été surpris de voir l’ampleur que le problème du vieillissement de la population a ensuite pris dans la société japonaise actuelle.

Et quand on sait que NIWA est mort en 2005 alors qu’il avait 100 ans, on ne peut s’empêcher d’espérer qu’il aura relu ce texte écrit en 1947 avec bonheur et surtout avec toute sa lucidité.


L’âge des méchancetés sur Amazon.fr