« Larmes de princesse » de OBA Minako

Keiko est une femme entre deux âges qui passa une grande partie de sa vie à suivre son mari lors des ses multiples déplacements à l’étranger. Mais au décès de celui-ci elle est prise d’une forte envie de retourner quelques temps dans son pays natal, le Japon. La première chose qui la frappe en rentrant au pays, c’est l’odeur particulière de cette plante que l’on appelle « Larmes de Princesse », odeur végétale qui fascina étrangement son mari durant toute sa vie, étrange fascination que Keiko n’arrivera jamais à comprendre.

A son arrivée au Japon, sa première préoccupation sera de se trouver un logement, chose assez compliquée à Tokyo. C’est lors d’une ballade avec son amie de toujours, qu’elle découvrira une maison dont une partie est en location et qui possède un énorme parc dans lequel se trouve de superbes plantes dont les fameuses « Larmes de Princesse ». C’est donc sans hésitation qu’elle emménagera dans cette étrange demeure dont les hôtes lui réserveront quelques surprises.

Ce roman aurait pu être une pièce de théâtre tant les dialogues sont omniprésents dans ce récit et, l’histoire se déroulant presque uniquement dans cette demeure isolée de la tumultueuse Tokyo, on s’imagine sans peine qu’il ne serait pas difficile de transvaser ce roman sur une scène de théâtre.

Ce qu’il y a de plus intéressant dans ce livre, c’est sans aucun doute le regard que jette cette expatriée sur son pays d’origine et essentiellement le regard qu’elle pose sur la langue japonaise et sur les différentes manières de l’utiliser, ce qui la plupart du temps rend très difficile et peu naturel la conversation entre deux individus. Parmi les résidents de ce huis-clos, se trouve un Chinois et un Américain avec qui elle se sent sensiblement plus à l’aise qu’avec ses compatriotes. Sachant qu’elle ne devra pas trop faire attention à sa manière de parler et comprenant que pour eux l’intérêt est de comprendre et d’être compris, les formules de politesse ne lui sont donc plus indispensables et ce nouveau champ libre lui permet donc d’aller droit au but et de percer plus facilement la personnalité de ses interlocuteurs. Etrange résultat donc que cette langue japonaise qui au lieu de réunir des individus, les éloigne quelque peu. Mais vu sous l’angle des Japonais, cette distanciation verbale est tout à fait normale et même obligatoire. Tout comme dans leurs relations sociales, les Japonais ne se touchent jamais, c’est un des pays où la bulle sociale est la plus importante.

Très beau roman sur le déracinement et les relations humaines, mais OBA Minako veut peut-être nous parler de trop de choses à la fois et c’est ce qui perd un peu ce livre qui s’éparpille et perd le lecteur involontairement dans un dédale de personnages qui vont et qui viennent sans prévenir, alors qu’un peu d’ordre n’aurait pas été superflu.

Larmes de Princesse sur Amazon.fr